Pris sous les projecteurs de Los Angeles
Un membre osseux me donne un coup de coude dans le dos. S’ensuit des excuses superficielles, criées fort comme tout le reste dans le bar animé. Les couleurs sourdes du noir et du violet sont inhabituellement dures et les lumières sont un peu trop vives. Je regarde Pierre. Il a de grands yeux, tout comme moi. Nous avons la même question : et maintenant ? Nos amis de Los Angeles qui nous faisaient visiter la ville sont sortis fumer une cigarette et nous ont laissés seuls un moment dans le bar branché. Ni Peter ni moi n'avions été dans un endroit comme celui-ci depuis six mois. Après …
Pris sous les projecteurs de Los Angeles
Un membre osseux me donne un coup de coude dans le dos. S’ensuit des excuses superficielles, criées fort comme tout le reste dans le bar animé. Les couleurs sourdes du noir et du violet sont inhabituellement dures et les lumières sont un peu trop vives.
Je regarde Pierre. Il a de grands yeux, tout comme moi. Nous avons la même question : et maintenant ? Nos amis de Los Angeles qui nous faisaient visiter la ville sont sortis fumer une cigarette et nous ont laissés seuls un moment dans le bar branché.
Ni Peter ni moi n'avions été dans un endroit comme celui-ci depuis six mois. Après avoir quitté Londres, nous sommes très vite tombés au rythme plus lent du Pacifique et fonctionnions confortablement à l’heure des îles (« peut-être maintenant, peut-être plus tard, peut-être demain, peut-être jamais »).
À Londres, je vivais à grande vitesse, un fardeau facilement supporté et souvent cité par tout citadin cherchant à prouver sa valeur (je suis tellement occupé = je suis tellement demandé). Sur la route, cette hypervitesse ralentissait jusqu'à une promenade, donc les lumières vives de Los Angeles étaient un peu troublantes.
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Ce changement de rythme me fait me demander comment je fais face aux mégapoles d’Amérique du Sud. Cela m’a également fait réaliser que je ne suis plus ce à quoi je m’identifiais depuis deux décennies : une citadine. J'ai planifié ce voyage comme une courte pause dans ma vie professionnelle, une escale avant de retourner à Londres et de prendre un autre emploi dans l'édition.
Pour Peter, ce fut un voyage plein de possibilités ; de changements de pays, d'emplois et de vies.
Pendant longtemps, il a essayé de me convaincre de vivre dans un petit village quelque part, sinon à l'étranger, du moins quelque part dans la campagne anglaise. A chaque fois, je répondais la même chose : « Je m’ennuierais ». Los Angeles m'a fait changer d'avis. Peut-être que je serais bien sans le bruit, la pollution, la circulation et le stress.
C'est peut-être la simple exposition : plus vous vivez longtemps dans un environnement, plus vous avez envie du contraire. Peut-être qu'après cinq ans sur une île, j'aurais envie des rues grises de Londres. Peut-être qu’un temps meilleur, des aliments plus frais et des gens plus sympathiques deviendraient ennuyeux au bout d’un moment. Je ne sais pas exactement.
Ce que je sais, c'est que je veux enfin le découvrir.
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